sábado, 15 de agosto de 2015

LES PAPILLONS - GÉRARD DE NERVAL











                  I


De tout les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimes-voux mieux? - Moi, les roses;
-Moi, l'aspect d'un beau pré vert
-Moi, la moisson blondissante,
Cheveleur des sillons;
-Moi, le rossignol qui chante;
-Et moi, les beaux papillons!

Le papillon, fleur sans tige,
          Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau;
Dans la nature infinte,
          Harmonie
Entre le plante et l'oiseau!...

Quand revient l'été superbre,
Je m'en vais au bois tout seul :
Je m'entends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renverée,
Là, chacun d'eux à son tour, 
Passe comment une penseé 
De poésie ou d'amour!
Voici le papillon faune 
            Noir et jaune;

Voici les mars azuré,
Agitant des étincelles
           Sur ses ailes
D'un veleurs riche er moiré.

Voici le vulcain rapide,
Qui vole comme un oisseau :
Son aile noire et splendide 
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux! le soufré, dans l'espace,
Comme un éclair a relui...
Mais le joyeux nacré passe, 
Et je ne vois plus que lui!


                 II


Comme un éventail de soie,
            Il déploie
Son manteau semé d'argent;
Et sa robe bigarrée
        Est dorée
D'un or verdâtre et changeant.

Voici le machaon-zèbre,
De fauve et de noir rayé;
Le deuil, en habit funèbre,
Et le miroir bleu stiré;
Voici l'argus, feuille-morte,
Le morio, le grand-bleu,
Et le paon-de-jour qui porte
Sur chaque aile un œil de feu!

Mais le soir brunit nos plaines;
                     Les phalènes
Prennent leur essor bruyant,
Et les sphinx aux couleurs sombres, 
                     Dans les ombres
Voltigent en tournoyant. 

C'est le grand'paon à l'œil rose
Dessiné sur un fond gris
Qui ne vole, qu'à nouit close, 
Comme les chauves-souris;
Le bombice du tröene,
Rayé de jaune et de vert,
Et le papillon du chêne
Qui ne meurt pas en hiver!...

Voici le sphinx à la tête
                 De squelette.
Peinte en blanc sur un fond noir,
Que le villageois redoutte, 
                Sur sa route,
De voir voltiger le soir.

Je hais aussi les phatènes,
Sombres hôtes de la nouit,
Qui voltigent dans nos plaines
De sept heures à minuit;
Mais vous, papillons que j'aime, 
Legèrs papillons de jour,
Tout en vous est un emblème
De poésie et d'amour!


                      III


Malheur, papillons que j'aime,
                    Doux emblème,
A vous pour votre beauté!...
Un doigt, de votre corsage,
                     Au passage,
Foisse, hélas! le velouté!...

Une tout jeune fille
Au cœur tendre, au doux aouris,
Perçant vos cœurs d'une aiguille,
Vous contemple, l'œil surpris : 
Et vos pattes sont coupées
Par l'ongle blanc qui les mord,
Et vos antennes crispées
Dans les douleurs de la mort!...





 

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